Le capital au XXI siècle (French Edition)

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Editions Du Seuil 2014 Paperback

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Bokdetaljer

Forlag Editions Du Seuil

Utgivelsesår 2014

Format Paperback

ISBN13 9782021082289

Språk French

Sider 970

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Germinal, Oliver Twist ou Les Misérables ne sont pas nés de l’imagination des romanciers

Godt sagt! (1) Varsle Svar

Pour fixer les idées, on peut aussi noter que le taux de rendement moyen de la terre dans les sociétés rurales est typiquement de l’ordre de 4 %-5 %. Dans les romans de Jane Austen et de Balzac, le fait que la rente annuelle apportée par un capital terrier – ou d’ailleurs par le titre de dette publique – soit égale à environ 5 % de la valeur de ce capital, ou bien encore que le valeur d’un capital corresponde à environ vingt année de rente annuelle, est une évidence, à tel point qi’ils omettent souvent de le préciser explicitement. Chaque lecteur sait bien qu’il faut un capital de l’ordre de 1 million de francs pour produire une rente annuelle de 50 000 francs. Pour les romanciers du XIXe siècle comme pour leurs lecteurs, l’équivalence entre patrimoine et rente annuelle va de soi, et l’on passe en permanence d’une échelle de mesure à l’autre, sans autre forme de procès, comme si l’on utilisait des registres de synonymes parfaits, ou deux langues parallèles connues de tous.

Godt sagt! (1) Varsle Svar

Quand Balzac ou Jane Austen écrivent leurs romans, au début du XIXe siècle, la nature des patrimoines en jeu est a priori relativement claire pour tout le monde. Le patrimoine semble être là pour produire des rentes, c’est-à-dire des revenus sûrs et réguliers pour son détenteur, et pour cela il prend notamment la forme de propriétés terriennes et de titres de dette publique. Le père Goriot possède des rentes sur l’État, et le petit domaine des Rastignac est constitué de terres agricoles. Il en va de même de l’immense domaine de Norland dont hérite John Dashwood dans Le Cœur et la Raison (Sense and Sensibility), et dont il ne va pas tarder à expulser ses demi-sœurs, Elinor et Marianne, qui devront alors se contenter des intérêts produits par le petit capital laissé par leur père sous forme de rentes sur l’État. Dans le roman classique du XIXe siècle, le patrimoine est partout, et quels que soient sa taille et son détenteur il prend le plus souvent ces deux formes : terres ou dette publique.

Godt sagt! (1) Varsle Svar

Les héros de Jane Austen, grands propriétaires terriens par excellence, plus ruraux que ceux de Balzac, ne sont cependant plus sages qu’en apparence. Dans Mansfield Park, l’oncle de Fanny, sir Thomas, doit partir plus d’un an aux Antilles avec son fils aîné pour mettre de l’ordre dans ses affaires et ses investissements. Il revient à Mansfield, mais doit très vite retourner pour de longs mois dans les îles : il n’est pas simple, dans les années 1800-1810, d’administrer des plantations à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Nous sommes là encore bien loin de la paisible rente foncière ou publique.

Godt sagt! (1) Varsle Svar

Autre complication, plus importante encore : bien d’autres formes de capital, souvent fort « dynamiques », jouent un rôle essentiel dans le roman classique et dans le monde de 1800. Après avoir débuté comme ouvrier vermicellier, le père Goriot a fait fortune comme fabricant de pâtes et marchand de grains. Pendant les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, il a su mieux que personne dénicher les meilleures farines, perfectionner les techniques de production de pâtes, organiser les réseaux de distribution et les entrepôts, de façon que les bons produits soient livrés au bon endroit au bon moment. Ce n’est qu’après avoir fait fortune comme entrepreneur qu’il a vendu ses parts dans ses affaires, à la manière d’un fondateur de start-up du XXIe siècle exerçant ses stock-options et empochant sa plus-value, et qu’il a tout réinvesti dans des placements plus sûrs, en l’occurrence des titres publics de rente perpétuelle – c’est ce capital qui lui permettra de marier ses filles dans la meilleure société parisienne de l’époque. Sur son lit de mort, en 1821, abandonné par Delphine et Anastasie, le père Goriot rêve encore de juteux investissements dans le commerce de pâtes à Odessa.

César Birotteau, quant à lui, a fait fortune dans la parfumerie. Il est l’inventeur génial de produits de beauté – la Double Pâte des sultanes, l’Eau carminative, etc. – qui selon Balzac font fureur en France à la fin de l’Empire et sous la Restauration. Mais cela ne lui suffit pas : au moment de se retirer, il veut tripler sa mise avec une audacieuse opération de spéculation immobilière dans le quartier de la Madeleine, en plein développement dans le Paris des années 1820-1830. Il refuse les sages conseils de sa femme, qui voulait placer les fonds de la parfumerie dans de bonnes terres près de Chinon et quelques rentes publiques. César finira ruiné.

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